C'?it un pauvre paysan
Qui cultivait depuis longtemps
Son tout petit lopin de terre,
Petit lopin de rien du tout,
Rien que du sable et des cailloux,
Quatre sarments sous la lumi?.

Cet homme partageait son temps
Entre son Dieu et ses enfants,
Entre son champ et ses pri?s
Et n'avait qu'un petit tr?r :
Une ?ile d'or...

Un jour qu'il soignait ses raisins,
Il vit venir tous ses voisins
En cavalcade ?es fronti?s.
Il vit briller leurs grands couteaux.
Il leur dit : "Voulez-vous de l'eau ?"
Ils r?ndirent : "On veut ta terre."

"En quoi vous g?-t-il, mon champ ?"
Ils r?ndirent : "Allez, va-t-en !"
Il prit son livre de pri?s,
Il prit sa femme et ses enfants
Et son ?ile d'or...

Ainsi partit le paysan,
En traversant la nuit des temps
A la recherche d'une terre.
"Mes bras sont forts, j'ai du courage.
J'accepte m? un mar?ge... "
Il ne trouva que des barri?s.

"T'es pas d'ici, t'as un accent.
Fais-toi pr?ur, fais-toi marchand
Mais tu n'auras jamais de terre.
On se m?e de ton tr?r,
Ton ?ile d'or... "

Faute d'avoir un champ de bl?br>L'homme se mit ?ultiver
Son petit champ dedans sa t?.
On le vit scribe et puis docteur
Puis violoniste et professeur,
Peintre, savant ou bien po?.

"Tu fais du bruit, tu vends du vent.
T'as trop d'id? ou trop d'argent.
T'es un danger pour qui t'approche.
On va te coudre sur la poche
Ton ?ile d'or... "

Et vint le temps des grands chasseurs,
Des chiens d'arr? des rabatteurs.
Ce fut vraiment la grande f?.
Demandez-le aux bons tireurs :
Avec l'?ile sur le cœur,
On traque beaucoup mieux la b?

Et notre pauvre paysan
Perdit sa femme et ses enfants
Et puis le cœur et puis la t?.
Il n'avait plus que son tr?r,
Son ?ile d'or...

Alors il traversa la mer
A la rencontre de sa terre.
C'?it ?ou bien se pendre.
"Revendez-moi mon vieux d?rt.
- Tu sais, ?va te co? cher.
- Tant pis : je prends !
- Tu peux le prendre."

Le temps de tracer un sillon,
Un coup de feu ?'horizon.
Il bascula dans la poussi?.
Du sang par terre et, sur son front,
Une ?ile d'or,
Une ?ile d'or...